De l'utilité d'une analyse financière en ces temps difficiles

La prochaine mise en musique de la réforme territoriale conjuguée avec la programmation de diminution des dotations de l'État aux collectivités territoriales, à hauteur de 11 milliards, vont peser lourdement sur les budgets des EPCI et des communes. Cette réforme s'inscrit avec pour toile de fond une crise économique dont la sortie est encore incertaine ce qui ne fait qu'accentuer les difficultés des édiles locaux à boucler leur budget.Ce bouleversement va bien sûr se traduire par une diminution des ressources et par un accroissement des dépenses qui, pour leur part, sont régulièrement impactées par une augmentation mécanique (glissement vieillesse technicité, majoration du taux de TVA, montée en puissance des postes de fluides).Les collectivités territoriales ont prévu de revoir à la baisse leurs investissements. Cette orientation va offrir des marges de manœuvre aux administrations locales puisque le fait de différer ou de supprimer certaines réalisations permettra de ne pas générer des coûts de fonctionnement induits. Par ailleurs si certaines collectivités avaient choisi d'avoir à recours à l'emprunt pour financer lesdits investissements elles en retireront les fruits en voyant leurs frais financiers diminuer.Mais le fait de réduire la voilure en matière de travaux ne sera pas suffisant. En effet, une difficulté bien plus importante va se poser aux élus locaux : celui de la problématique annoncée de l'effet de ciseau. Cet effet de ciseau, il faut le rappeler, mesure l'écart d'évolution entre les dépenses et les recettes de fonctionnement et force est de constater que celui-ci s'oriente vers mauvaise direction. Cette situation est d'autant plus préoccupante au regard du caractère structurel de cet effet de ciseau et aux marges de manœuvre réduites dont disposent les collectivités territoriales.Pour les recettes seuls le levier de la fiscalité pourrait donner un peu d'air mais cette solution reste insuffisante au regard du ras le bol fiscal exprimé par les contribuables.Pour les dépenses il semble difficile de les diminuer drastiquement en raison de la rigidité des dépenses de personnel et des obligations en matière de charges dont ont hérité les collectivités territoriales. Le non remplacement des départs à la retraite et l'abandon de certaines missions (subventions, animations, culture...) seront les pistes  privilégiées.Comment donc anticiper cette spirale et surtout comment s'offrir une visibilité sur les années à venir ?Une analyse financière semble l'outil indispensable pour aborder un début de mandat dans des conditions optimales. Cette analyse financière, véritable feuille de route du décideur local, va s'appuyer dans un premier temps sur une analyse rétrospective qui donnera l'état des lieux mesurant, entre autre, la santé structurelle  des budgets étudiés.Viendra ensuite l'analyse prospective qui, à partir de postulats choisis par la collectivité (progression des dépenses de personnel, des subventions, évolution de la fiscalité) et données fiables (DGF, dotation de péréquation, de compensation...) vont déboucher sur une photographie instantanée de l'épargne brute.Cette indication sur la capacité satisfaisante et permanente à générer de l'épargne brute est indispensable à mesurer si on ne veut pas brutalement avoir recours à l'emprunt.L'analyse financière va aussi s'appuyer sur un plan pluriannuel d'investissement (PPI) qui aura le mérite de lisser les dépenses sur un mandat et de prévoir les coûts induits ainsi que la récupération de la TVA générée par les réalisations locales.Ce constat de détection précoce de détérioration des marges de manœuvre voire d'impossibilité à équilibrer leurs budget est certainement un enjeu majeur des années futures pour les collectivités et se priver d'une analyse financière objective et sincère pourrait déboucher sur de grandes difficultés à respecter ses engagements financiers.