GBCP : les clés du succès pour une réforme plus performante

Près 650 établissements nationaux doivent se conformer au nouveau cadre réglementaire, défini par la DGFIP, de Gestion budgétaire et comptabilité publique (GBCP), au plus tard lors de l'exercice 2016.Ce nouveau cadre législatif de gestion budgétaire et comptabilité publique (GBCP) concerne les établissements publics nationaux, c'est-à-dire les organismes publics majoritairement financés par l'État, soit environ 650 établissements. Le premier axe de cette réforme est de dissocier la comptabilité générale et la comptabilité budgétaire.Il instaure une dualité budgétaire avec la mise en place de l'autorisation d'engagement (AE) et du crédit de paiement (CP). De manière générale, cette évolution réglementaire permettra notamment une gestion plus fine de la trésorerie ainsi qu'une meilleure visibilité des opérations pluriannuelles, un atout au moment où les crédits se raréfient.Les pratiques à respecterCes établissements doivent réfléchir dès à présent aux changements organisationnels, et ils sont profonds. Ils doivent ensuite définir une feuille de route, en coordination avec les tutelles et Bercy qui peut, grâce au groupe de travail mis en place à cet effet, aider les plus en retard. Enfin, il faut prévoir des moyens budgétaires réalistes pour 2016, en vue des arbitrages avec son ministère de tutelle.La mise en place de la GBCP aura de multiples impacts, notamment sur la structure budgétaire, la gestion comptable, la dématérialisation des processus... Et finalement sur tout le SI. C'est une mutation profonde dans les pratiques, modes de gestion, validations, et contrôles. Nous recommandons comme exercice préparatoire, de structurer le prochain budget 2016 sous la forme GBCP (nomenclature, organisation, etc.) pour ensuite définir l'organisation la plus adaptée à cette nouvelle façon de travailler.Cette impulsion doit donc venir du plus haut niveau (Conseil d'Administration) et les agents comptables doivent y être impliqués. Ces derniers doivent être proactifs pour anticiper pleinement cette transformation, car la pratique de leur profession va évoluer. Cela permettra d'anticiper et de prendre conscience des changements générés par cette réforme. Celle-ci doit encore une fois être impulsée et organisée avec le soutien de la Direction Générale.Il faut, enfin, se préparer d'un point de vue fonctionnel. La plupart des solutions en place ne prennent pas en compte cette gestion duale du budget. Un nouvel outil doit donc être mis en place pour intégrer l'ensemble du processus comptable, de l'engagement juridique au paiement effectif. Changer d'outil et d'organisation est une opération délicate pour toute organisation, qui plus est dans une période où la recherche d'efficience est un enjeu crucial. Avant le moindre investissement, il est donc primordial de mesurer précisément son retour sur investissement.La principale erreur serait de croire qu'il ne s'agit que d'une évolution réglementaire. Il faut inverser les priorités et choisir rapidement un ERP adapté, mais surtout prévoir le temps de le mettre en œuvre. Il s'agit de sélectionner le nouvel outil en quatre mois et consacrer les 12 suivants à l'implémentation pour aller au-delà d'une simple mise aux normes. Faire l'inverse aboutirait à un SI défaillant. L'enjeu n'est pas seulement de couvrir le cadre réglementaire, mais d'adresser le modèle économique, souvent très différent d'un établissement public à l'autre.Cette réforme est une excellente opportunité pour ces établissements, qui disposeront d'une information financière de qualité leur permettant une meilleure anticipation des diverses échéances. Enfin, les contrôles basiques automatisés par la dématérialisation libéreront du temps pour se consacrer à un meilleur pilotage de ces structures avec une analyse financière plus poussée pour un meilleur calibrage les besoins budgétaires.(Source : Les Échos)