La comptabilité publique des collectivités territoriales

Depuis une dizaine d'années, l'État et les élus locaux ont engagé la modernisation de la comptabilité des collectivités territoriales. En effet, la décentralisation et la libéralisation des financements des collectivités nécessitent de mettre à la disposition des élus, des citoyens et des partenaires financiers des collectivités des informations et des indicateurs fiables et précis sur leur situation financière et l'impact financier de l'action publique. Ceci a conduit à l'adoption de cadres comptables proches du plan comptable général, utilisé par les entreprises. On distingue ainsi une comptabilité publique par niveau de collectivités.Les principes communs de la comptabilité publiqueLes collectivités territoriales élaborent plusieurs documents budgétaires : le budget primitif, voté avant le 1er janvier (jusqu'au 31 mars pour les taux d'imposition), autorise les dépenses et les recettes pour l'année à venir le budget supplémentaire qui permet de corriger en cours d'année le budget primitif et d'intégrer les résultats du budget de l'année précédente les décisions modificatives qui modifient ponctuellement le budget primitif. Sont annexés : la liste des associations subventionnées, la liste des garanties, les comptes administratifs des organismes de coopération, le bilan des organismes dont la collectivité est actionnaire et des ratios financiers. À l'issue de la gestion, doit être voté le compte administratif qui arrête le résultat de l'exercice.Les budgets comprennent une section de fonctionnement retraçant les recettes et dépenses courantes, et une section d'investissement comprenant les subventions, les emprunts et un virement de la section de fonctionnement. La comptabilité publique locale reprend des principes de gestion orthodoxes : le budget des collectivités territoriales doit être voté en équilibre réel, les dépenses obligatoires doivent être couvertes en début d'exercice, le remboursement en capital des emprunts se fait sur ressources définitives, l'autofinancement est d'abord destiné au remboursement des dettes.La comptabilité publique locale s'inspire du plan comptable général. Les réformes comptables reprennent ainsi les principes comptables généraux d'indépendance des exercices, de sincérité des comptes et de prudence. Ceci se traduit par l'introduction des techniques comptables :

  • de rattachement des produits (recettes) et des charges (dépenses) à l'exercice : la comptabilité est donc tenue en droits constatés, c'est-à-dire qu'elle constate les engagements pris (ex : dettes envers des fournisseurs), et les droits acquis par la collectivité (ex : impôts dus)
  • d'amortissement obligatoire des biens renouvelables (comme les véhicules) afin d'apprécier le coût de ce renouvellement et donc d'inciter à dégager les ressources correspondantes
  • de provisionnement, notamment pour les garanties d'emprunt, les litiges et contentieux et le remboursement différé de la dette.

La comptabilité des communes

La M14 est la nomenclature budgétaire et comptable qui s'applique aux communes et à leurs services publics à caractère administratif, aux centres communaux et intercommunaux d'action sociale, aux caisses des écoles et aux Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Votée par le Parlement en 1994, la comptabilité publique M14 a été mise en œuvre en 1997.La M14 cherche notamment à améliorer l'information budgétaire et financière, en particulier sur la situation patrimoniale des communes. Simplifiée pour les communes de moins de 3 500 habitants, elle s'inspire en grande partie de l'architecture et des conventions du plan comptable général utilisé par les entreprises. Ainsi, elle reprend les mêmes classes de comptes pour le compte de résultat, le bilan et le hors bilan. Elle peut ainsi fournir des éléments d'appréciation sur le patrimoine communal et faciliter l'analyse de la situation financière (niveau d'endettement, autofinancement, etc.)Le résultat de la section de fonctionnement est affecté au profit de la section d'investissement. À titre prévisionnel, il doit autofinancer les investissements projetés. En fin d'exercice, si un résultat supérieur aux prévisions apparaît, il peut servir à financer de nouveaux investissements ou de nouveaux besoins de fonctionnement.Dans les communes de plus de 3 500 habitants, la M14 met en place une nomenclature fonctionnelle, permettant de reclasser les recettes et les dépenses selon les politiques conduites par la commune (enseignement, culture, action économique, administration générale, etc.). Le vote du budget peut également s'effectuer par fonction, mais seulement pour les communes de 10 000 habitants et plus. Enfin, l'ordonnance du 26 août 2005 relative à la simplification et à l'amélioration des règles budgétaires et comptables applicables aux collectivités territoriales a modifié l'instruction M14 : la pluriannualité est renforcée et le régime des provisions réformé.

La comptabilité des départements et la comptabilité des régions

Pour les départements, l'instruction M52 adapte la comptabilité à l'environnement juridique (décentralisation, réformes législatives diverses) et recherche l'homogénéité la plus grande possible avec celle des autres collectivités. Appliquée depuis le 1er janvier 2004, elle renforce également la comptabilité patrimoniale (principes d'amortissement hors voirie comptabilité d'exercice). La nomenclature fonctionnelle retrace les spécificités des politiques départementales, notamment en matière sociale (revenu minimum d'insertion, allocation personnalisée à l'autonomie, prévention médico-sociale) ou pour les subventions versées aux autres collectivités pour la construction d'équipements publics. La M52 permet de provisionner des risques, de constituer des réserves et donne un support comptable à la gestion active de la dette.Pour les régions, l'instruction M71 vise également à améliorer la patrimonialité de leurs comptes. Les régions ont été les dernières collectivités territoriales à disposer d'une instruction comptable rénovée. Les instructions M52 et M71 ont évolué avec l'ordonnance du 26 août 2005 et le renforcement de la pluriannualité.